Bryson deChambeau : le contre-exemple survitaminé


Publié le 2 octobre 2020

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Au début, il nous a bien plu, cet américain au nom français, qui porte un béret, et qui semble définitivement fâché avec tout ce qui est unanimement acquis.

Nous trouvions presque du bon sens dans des paroles qui auraient dû nous mettre la puce à l’oreille. Ainsi, quand il lui a été demandé quelle était sa solution pour lutter contre le jeu lent, sa réponse “marcher plus vite” ne nous a pas fait rire comme elle aurait dû.
Quand son surnom – “le savant fou” – nous a été connu, nous n’avons pas envisagé que cela cachait quelque maladie plus grave.
Lorsqu’il est allé chercher des poux à des joueurs comme Brooks Koepka en se vantant de sa musculature plus virile, nous n’y avons vu qu’une manifestation puérile là où il fallait appeler urgemment les services psychiatriques.
Aujourd’hui, l’homme détient un Majeur. Et c’est grave. Grave parce que le risque d’assimilation est grand et que je peux vous parier mon premier tee qu’il laissera sur le carreau une foule de jeunes pros qui auront eu le malheur de le prendre au sérieux, voire – lorsqu’il est en forme – de croire le moindre de ses mots.

Car, tous les joueurs vous le diront, rien ne fait autant rêver le golfeur que l’idée de pouvoir devenir le champion qu’il fantasme d’être en contournant les règles admises. Je parle des “shortcuts”, des raccourcis, des méthodes …
Aujourd’hui Bryson DeChambeau impose un modèle où la puissance bouscule tous les pronostics. Un système que les autres n’avaient pas imaginé, selon lui : supprimer un coup de golf sur deux par la puissance physique du joueur. Qui plus est, le “pro cubique” (appellation qui ne tardera pas à remplacer l’actuel “mad scientist”) persiste et signe puisqu’il prévoit de jouer dorénavant un driver de 48 pouces, quand la norme est de 44.5 pouces. Un choix étonnant lorsqu’on sait l’animal adepte des clubs One Length !

Mais le problème n’est pas là. Il se situe plutôt dans la notion d’exemple que véhiculent les champions. Car demain, à n’en pas douter, des dizaines de jeunes rookies vont s’inspirer de son modèle et vont tenter de gagner eux aussi les 20 kilos de muscles qu’il a développés cet hiver dans ce but. Or la nature est capricieuse et seul un faible pourcentage d’entre eux y parviendra naturellement. Les autres devront se pencher vers les apports hyperprotéinés et finalement – pourquoi pas – les stéroïdes. Autant dévoiler ce que vous entendez déjà : la méthode BDC (Bryson deChambeau) lui aura permis de remporter un tournoi Majeur mais elle risque de devenir le point d’entrée du dopage dans un sport jusque-là épargné. Et la liste des répercussions tragiques de cette calamité est aussi longue qu’un par 5 joué par vent contraire.
Mais ça, le Mad Scientist ne l’aura peut-être pas calculé. Tout comme il a oublié de compter le nombre de ses drives qui ont accroché le fairway lors de l’US Open, c’est-à-dire 21, seulement, sur ses 56 mises en jeu.

En finalité, une seule question persiste: le golf mondial avait-il vraiment besoin d’un Bryson de Chambeau ?
En ce qui me concerne, la réponse à cette interrogation est prête depuis longtemps et elle tient en trois lettres. A vous de deviner lesquelles …

Franck de Caumette
www.avisgolf.com

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