St Andrews le Old Course, la référence absolue


Publié le 6 août 2018

Revenir à la liste des actualités

Partagez cette actualité

PGA France et le magazine Practice vous présentent l’incontournable et unique Old Course de St Andrews, parcours le plus joué de toute l’histoire de l’Open, Saint des Saints et berceau du golf.

LE PARCOURS

Musée du golf à ciel ouvert, St Andrews a vu naître le premier club et le premier parcours. Pour illustrer le degré d’émotion, de tradition et d’histoire qui imprègne les lieux, Jordan Spieth s’exprimait en ces termes en ouverture du 144e Open à St Andrews en 2015 : « N’oublions pas que l’on jouait déjà au golf ici alors que les États Unis d’Amérique n’existaient pas encore. » Le parcours du Old Course est unique avec ses sept vastes greens partagés entre plusieurs trous. Les six premiers trous quittent le club-house vers le nord, les six derniers reviennent en sens inverse, et du numéro 7 au numéro 11, se trouve le célèbre loop, boucle où le spectacle est optimal pour les spectateurs, compte tenu de la topographie de cette partie du tracé. Parmi les trous de légende, citons, entre autres : le numéro 1, trou d’ouverture en pleine ville au pied du bâtiment majestueux du Royal & Ancient; le numéro 18, avec son pont de pierre sans âge et sa dépression d’avant green surnommée « la vallée des péchés », qui accueille bon nombre de drives ; le numéro 17, avec son drive au-dessus de l’hôtel et son méchant pot bunker face à la route et au green, sans oublier ceux du loop, dont le numéro 11, splendide par 3 défendu par un redoutable bunker frontal. Tout golfeur amateur rêve de pouvoir jouer un jour ce parcours mythique et se glisser dans les chaussures des grands champions dont l’histoire est ici relatée !

ST ANDREWS DANS LA ROTATION DU BRITISH OPEN

Une fois les premières éditions jouées à Prestwick de 1860 à 1872, le Old Course de St Andrews organise l’épreuve pour la première fois en 1873 et en devient le théâtre régulier tous les trois à cinq ans. Depuis 1990, l’Open s’y tient tous les cinq ans. Après la victoire de ZachJohnson en 2015, il est probable que le golf mondial s’y retrouve en 2021 pour en célébrer le 150e anniversaire. À ce jour, l’Old Course a accueilli 29 éditions du British, 15 avant-guerre (1873, 1876, 1879, 1882, 1885, 1888, 1891, 1895, 1900, 1905, 1910, 1921, 1927, 1933, et 1939) et 14 après-guerre (1946, 1955, 1957, 1960, 1964, 1970, 1978, 1984, 1990, 1995, 2000, 2005, 2010 et 2015) ; il reste le parcours ayant accueilli le plus d’éditions de l’Open. Les Américains s’y sont imposés à 11 reprises, les Écossais neuf fois au cours des 11 premières levées, les Anglais quatre fois, les Australiens et Sud-Africains deux fois et enfin Seve Ballesteros en 1984, seul Européen non britannique à avoir triomphé sur cette terre légendaire, tout un symbole ! Depuis l’après-guerre, les Américains sont dominateurs et ont inscrit huit fois leur nom au palmarès, soit plus d’une édition sur deux. Les doubles vainqueurs à St Andrews sont Bob Martin, J.H. Taylor et James Braid, au début du siècle, et plus près de nous, Jack Nicklaus et Tiger Woods. Les deux meilleurs scores réalisés à l’issue des quatre tours sont l’œuvre de Tiger Woods en 2000 (269, soit 19 sous le par) et Nick Faldo en 1990 (270, soit 18 sous le par). Le score du Tigre était même le meilleur jamais joué par un vainqueur de l’Open, jusqu’à ce qu’il soit détrôné il y a un peu plus d’un mois par Henrik Stenson, dont le birdie au 72e trou du Royal Troon lui permit d’enregistrer le score incroyable de 20 sous le par.

LE BEST OF DES 29 EDITIONS DE L’OPEN A ST ANDREWS

The Open Championship

De 1873 à 1892 - Lorsque l’Open se disputait encore sur 36 trous joués dans la même journée.
L’histoire retiendra que la première édition de l’Open jouée sur le Old Course en 1873 fut remportée par un caddie de St Andrews du nom de Tom Kidd, et que la Claret Jug y fut présentée pour la première fois. C’est lors du 16e Open disputé à St Andrews en 1876 que se décide pour la première fois l’attribution du titre en play-off. Toutefois, l’un des deux joueurs concernés, Davie Strath, est menacé d’une pénalité pour avoir joué le trou numéro 17 avant que le green ne se libère. Et, face au refus de l’organisation de statuer sur son cas avant le départ du play-off, il décide alors de ne pas jouer ce dernier. Le futur vainqueur, l’Écossais Bob Martin, jouera quand même les 18 trous de play-off… seul ! Les deux éditions de 1879 et 1882 permettent respectivement à Jamie Anderson puis à Bob Ferguson de célébrer leur troisième victoire de rang au British Open. C’est en 1885 que Bob Martin devient le premier joueur à s’imposer une deuxième fois sur l’Old Course, et cette fois-ci sans affronter un adversaire fantôme en play-off comme en 1876. L’édition de 1888 est rocambolesque… À l’issue des deux tours, Jack Burns pense avoir terminé à égalité en tête du classement avec deux autres adversaires. Un playoff est donc attendu le lendemain lorsqu’un membre du Royal & Ancient, recomptant les cartes de score, s’aperçoit que le total de celle de Burns est surévalué d’un coup. Dans la mesure où le score de chaque trou est correctement indiqué et que seul le total est faux, Burns n’a pas signé de fausse carte et n’est donc pas disqualifié. Son score total est au contraire rectifié et une annonce faite à la foule massée autour du magasin de golf de Tom Morris pour annoncer le vainqueur… à l’aide d’une gomme et d’un crayon ! Hugh Kirkaldy s’impose en 1892 pour clore une série de sept victoires successives d’un Écossais sur le Old Course.

De 1895 à1939 - Les grands joueurs d’avant-guerre s’imposent aussi sur l’Old Course.
Entre les deux éditions de 1892 et 1895, le format de l’épreuve a changé et c’est sur quatre tours et deux jours que J.H. Taylor, un Anglais, devient le premier non Écossais à s’imposer sur le Old Course en 1895 ; il renouvelle sa victoire en 1900 avec pas moins de huit coups d’avance sur Harry Vardon, l’un de ses deux grands rivaux avec James Braid. C’est d’ailleurs ce dernier qui s’impose en 1905 et 1910. À noter que lors du dernier tour en 1905, il gagne après avoir été contraint de jouer deux coups sur les rails de la voie ferrée qui bordait à l’époque les 15e et 16e trous et n’était pas considérée comme hors limites. Jock Hutchinson devient le premier Américain à s’imposer sur le Old Course en 1921, et les plus anonymes Denny Shute et Dick Burton l’emportent respectivement en 1933 et 1939. C’est en 1927 que le grand Bobby Jones inscrit son nom au palmarès de l’Old Course en s’imposant avec un total de 285 coups, nouveau record qui tiendra 28 ans et cinq éditions. Sa première apparition à St Andrews en 1921 s’était pourtant soldée par un cuisant échec, il en avait même déchiré sa carte de score de rage après avoir mis quatre coups pour sortir du pot bunker du trou numéro 11 avant d’abandonner… De 1946 à 1978 - Les USA de Sam Snead à Jack Nicklaus. Après avoir accueilli le dernier Open d’avantguerre, c’est à nouveau le Old Course qui est choisi comme hôte de la première édition d’après-guerre en 1946, et c’est l’Américain Sam Snead qui s’impose logiquement. Un des plus grands palmarès de l’Open, l’Australien Peter Thomson, remporte à St Andrews en 1955 le deuxième de ses cinq titres. Avec un score de 281, il améliore de quatre coups la vieille marque de Bobby Jones datant de 1927. Pour la première fois, un chèque à quatre chiffres est remis au vainqueur (1000£) et l’Open est partiellement retransmis par la BBC. Initialement prévu à Muirfield, l’Open de 1957 se tient à nouveau sur l’Old Course, plus facile d’accès en cette période de crise du canal de Suez. Le Sud-Africain Bobby Locke y remporte son quatrième Open en neuf ans. Pour la première fois, les joueurs ayant réalisé les deux meilleurs scores sont alignés en dernière partie lors des deux derniers tours, la BBC pouvant ainsi les retransmettre en direct. Après la victoire de l’Australien Kel Nagle en 1960 à l’occasion du centenaire de l’Open, l’américain Tony Lema s’impose en 1964, avant que Jack Nicklaus ne pose sa patte d’Ours Blond sur les deux éditions suivantes, en 1970 et 1978. En 1970, Doug Sanders, qui n’avait jamais gagné de Majeur, a seulement besoin d’un par au numéro 18 pour l’emporter d’un coup sur Nicklaus. Après une attaque de green moyenne, son premier putt reste court de 50 centimètres. À l’adresse de ce dernier putt crucial, il s’arrête pour enlever une minuscule brindille sur sa ligne, ne reprend pas sa routine correctement, et rate ce putt sur la droite du trou. S’ensuit un play-off sur 18 trous et, dans la position inverse, le Golden Bear attaque, cette fois-ci, le 18e trou avec un coup d’avance. Le birdie de Doug Sanders n’y changera rien car Nicklaus fait de même avec des nerfs d’acier et l’emporte d’un point, il vient de s’imposer dans le temple du golf, lui le recordman des victoires en Grand Chelem.

De 1984 à 2015 - Sous le règne des USA et de Tiger, Faldo et Seve sauvent l’honneur de l’Europe.
En 1984, Seve Ballesteros enquille un putt crucial et délicat pour un ultime birdie sur le trou numéro 18. Tom Watson, qui jouait pour obtenir une troisième victoire de rang et égaler le record de six victoires d’Harry Vardon, écope d’un vilain bogey au numéro 17 et doit rentrer son deuxième coup au numéro 18 pour partir en play-off. Malgré une brillante mise en jeu, il échoue dans sa tentative et l’Espagnol s’impose ; il reste à ce jour le seul Européen non britannique figurant au palmarès de l’Open sur le Old Course. L’édition de 1990 consacre la «machine anglaise » Nick Faldo, grandissime favori après avoir conservé son titre au Masters et échoué à un coup d’un play-off lors de l’US Open. Greg Norman, numéro 1 mondial de l’époque, est le grand rival annoncé de Faldo. Il lui tient tête lors des deux premiers tours, mais perd son putting et rend une carte rédhibitoire de 76 le samedi, son heure est passée et l’impassible métronome anglais, fort d’une avance de cinq coups sur le reste de la meute, peut profiter de la belle acclamation qui lui est faite en remontant le fairway du numéro 18 ; il bat par la même occasion le record du parcours avec un score total de 270. En 1995, l’américain John Daly prouve au monde entier qu’il n’est pas seulement capable de driver au-delà de 300 mètres, mais qu’il est également doté d’un petit jeu de velours et d’un remarquable toucher au putting. Costantino Rocca accroche bien un play-off en rentrant un putt improbable depuis la « vallée des péchés » du trou numéro 18, mais il s’écroule ensuite en play-off avec un retard de cinq coups. Les années 2000 et 2005 sont placées sous l’ère de la domination de Tiger Woods. Celle de l’an 2000 est la plus marquante car agrémentée de plusieurs records ; le meilleur score total de 269, soit 19 sous le par – nouvelle marque sur le Old Course mais également pour l’Open britannique – lui permet de rejoindre le club très fermé des joueurs ayant gagné au moins une fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem (Gene Sarazen, Ben Hogan, Gary Player et Jack Nicklaus), et quatre cartes sous les 70 coups, comme seuls Greg Norman et Nick Price avaient pu le faire au cours des éditions précédentes. Le Tigre était imbattable cette année-là ! 2010 voit la consécration du Sud-Africain Louis Oosthuizen, qui, sans trembler, s’accommode des conditions météo changeantes et s’impose avec une confortable marge de sept coups sur Lee Westwood, et ce, le jour du 92e anniversaire de Nelson Mandela ! Enfin, 2015 est une édition exceptionnelle en raison des conditions météo épouvantables qui rendent le parcours inondé le vendredi et injouable le samedi tant les vents sont violents ; le quatrième et dernier tour aura donc lieu le lundi, pour la deuxième fois dans l’histoire de l’Open. À l’attaque des neuf derniers trous du dernier tour, dix joueurs sont encore capables de s’imposer et le suspense est à son comble ; mais c’est finalement l’Américain Zach Johnson qui triomphe en play-off face à Louis Oosthuizen et à l’Australien Marc Leishman.

À n’en pas douter, la suite de l’histoire de l’Open sur l’Old Course sera aussi belle, riche et dense que les 29 premières éditions.

 

Texte de Christian Gravier – Photos AFP